Connaissance de l'arbre
Classification
L’olivier (Olea europaea L. subsp. europaea var. europaea) est une espèce d‘Oléacées (ordre des Lamiales). Cette famille comporte 25 genres (Dupin et al. 2024), dont Olea qui comprend les sous genres Paniculatae (en Inde et Australasie) et Olea (depuis l’Afrique jusqu’en Asie du Sud ; Figure 1). L’olivier appartient au sous-genre Olea. Actuellement, on reconnait sept sous-espèces d’olivier (Olea europaea subspp. laperrinei, cerasiformis, guanchica, maroccana, cuspidata, africana et europaea) présentes depuis le Sud de l’Afrique, la Méditerranée jusqu’aux contreforts de l’Himalaya (Green 2002 ; Besnard et al. 2024). En Méditerranée, on distingue deux variétés botaniques, selon qu’elle soit sauvage (var. sylvestris ; communément appelée « Oléastre ») ou cultivée (var. europaea ; Green 2002).

Origine
L’ancêtre commun des sous-espèces d’olivier remonterait à plus de cinq millions d’années (Besnard et al. 2009 ; Dupin et al. 2024). Au cours du Quaternaire, sa répartition en Méditerranée a fortement fluctué au gré des glaciations et de périodes plus favorables. Lors de la dernière glaciation, l’oléastre a persisté dans des zones refuges comme les îles de la Mer Egée, Chypre et le Levant ainsi que le Sud de l’Espagne et le Maghreb (Carrión et al. 2010 ; Besnard et al. 2013). On distingue désormais deux grandes populations d’oléastres à l’Est (du Levant à la Mer Egée) et à l’Ouest (du Péloponnèse jusqu’au Maroc et en Espagne). Les données archéologiques et génétiques indiquent que la domestication de l’olivier aurait débuté au Levant, il y a un peu plus de 4000 ans avant notre ère (Kaniewski et al. 2012). Des formes cultivées de l’Est ont ensuite été disséminées par les peuples antiques (e.g. phéniciens, romains) sur l’ensemble du bassin méditerranéen (Terral et al. 2004). Une forte diversification de l’olivier cultivé a suivi cette diffusion, avec de nombreux croisements entre les oliviers cultivés introduits et des formes locales (sauvages ou pré-domestiquées). Aujourd’hui, on reconnait trois principaux groupes cultivés sur la base des données génétiques, et certaines variétés sont fortement apparentées (Dίez et al. 2015).

Références :
Besnard G, Rubio de Casas R, Christin P-A, Vargas P. 2009. Phylogenetics of Olea (Oleaceae) based on plastid and nuclear ribosomal DNA sequences: Tertiary climatic shifts and lineage differentiation times. Ann. Bot. 104: 143–160.
Besnard G, et al. 2013. The complex history of the olive tree: from Late Quaternary diversification of Mediterranean lineages to primary domestication in the northern Levant. Proc. R. Soc B 280: 20122833.
Besnard G, Hong-Wa C, Médail F. 2024. On the taxonomic subdivision of the Brown Olive from Africa and Asia through the reinstatement of Olea europaea subsp. africana (Mill.) P.S. Green. Bot. Lett. 171: 80–83.
Carrión Y, Ntinou M, Badal E. 2010. Olea europaea L. in the North Mediterranean Basin during the Pleniglacial and the Early–Middle Holocene. Quart. Sci. Rev. 29: 952–968.
Dίez CM, et al. 2015. Olive domestication and diversification in the Mediterranean basin. New Phytologist 206:436–447.
Dupin J, Hong-Wa C, Gaudeul M, Besnard G. 2024. Phylogenetics and biogeography of the olive family (Oleaceae). Ann. Bot. Sous presse.
Green PS. 2002. A revision of Olea L. (Oleaceae). Kew Bulletin 57: 91–140.
Kaniewski D, et al. 2012. Primary domestication and early uses of the emblematic olive tree: palaeobotanical, historical and molecular evidences from the Middle East. Biol. Rev. 87: 885–899.
Terral JF. 1997. La domestication de l’olivier (Olea europaea L.) en Méditerranée nord-occidentale : Approche morphométrique et implications paléoclimatiques. Thèse, Université Montpellier II, France.
Terral JF, et al. 2004. Historical biogeography of olive domestication (Olea europaea L.) as revealed by geometrical morphometry applied to biological and archaeological material. J. Biogeogr. 31: 63–77.
Symboliques
L’olivier est sûrement l’arbre le plus chargé en symboliques : arbre de paix, de renaissance, de victoire, de force, de fidélité, de lumière et de pureté, il est cet arbre qui défie le temps, symbole de vie et de prospérité.
Caractéristiques morphologiques

L’olivier est un arbre au bois dur et dense pouvant atteindre plus de 10 m de haut selon les variétés. Son port peut être érigé ou retombant, et plus ou moins étalé. Le tronc est lisse et verdoyant, droit et régulier les premières années, signe de juvénilité. Il devient de plus en plus tortueux, irrégulier et noueux avec avec l’âge. Le feuillage est persistant mais les feuilles se renouvellent tous les 2 à 3 ans. Les feuilles, opposées-décussées, illustrent le caractère xérophyte de la plante. Son adaptation à la sècheresse atteste d’un limbe assez réduit qui se met en gouttière en conditions arides. Les feuilles sont coriaces, la cuticule épaisse sur la face supérieure protège de la déshydratation, ainsi qu’une pilosité au niveau des stomates sur la face inférieure. Cela se traduit par une coloration d’un vert plus foncé sur la face supérieure et plus gris et argenté sur la face inférieure. La forme, la taille et la couleur des feuilles divergent selon les cultivars. Ce développement polymorphe dépend également de l’âge, de la vigueur et du contexte environnemental de l’olivier.

Le système racinaire n’est pas très profond, les racines principales se localisant dans les 80 cm de profondeur. Avec l’âge, une zone ligneuse de réserve se forme sous le collet, appelée « la matte ».
Les fleurs, blanches, apparaissent sur du bois de 1 an à l’aisselle des feuilles. Elles sont disposées en grappe florale dont le nombre de fleurs varie entre 10 à 30 fleurs par inflorescence selon les cultivars et le contexte environnemental de l’arbre. C’est une espèce andromonoïque, c’est-à-dire que sur un même pied on peut observer des fleurs hermaphrodites (diagramme floral : 4 sépales + 4 pétales + 2 étamines + 1 pistil) et/ou des fleurs unisexuées mâles. Cette caractéristique entraîne l’allogamie car l’olivier n’est pas une espèce autofertile, elle est auto-incompatible. La pollinisation est anémophile.
Une mauvaise pollinisation entraine l’apparition de millerandage.

Le fruit de l’olivier, appelé olive, est une drupe. Le péricarpe est lisse et le mésocarpe charnu. La forme et le calibre du fruit sont des caractères qui varient selon les cultivars et sont influencés par le contexte environnemental. La forme diverge d’arrondie à allongée, plus ou moins symétrique comme pour le noyau, qui sont 2 organes fortement discriminants pour la reconnaissance variétale.
Les fruits sont généralement dispersés par les oiseaux.
Références :
Moutier N, et al. 2004. Identification et caractérisation des variétés d’olivier cultivées en France. Tome 1. Naturalia Publications, 248 p. ISBN 978-2-909717-43-2
Moutier N, et al. 2011. Identification et caractérisation des variétés d’olivier cultivées en France. Tome 2. Naturalia Publications, 248 p. ISBN 978-2-909717-74-6
Besnard G , et al 2024. La pollinisation de l’olivier, un sujet à la pointe de la recherche fondamentale française . Le Nouvel olivier N°136, p 6-8.
Castric V, et al. 2024 The homomorphic self-incompatibility system in Oleaceae is controlled by a hemizygous genomic region expressing a gibberellin pathway gene, Current Biology, 2024. DOI: 10.1016/j.cub.2024.03.047
Raimondeau P, et al. 2024 A hemizygous supergene controls homomorphic and heteromorphic self-incompatibility systems in Oleaceae, Current Biology, 2024. DOI: 10.1016/j.cub.2024.03.029
Caractéristiques physiologiques
L’olivier est une culture pérenne car son cycle de développement est très long. En effet, sa période juvénile s’étend sur moins de 10 ans jusqu’à son entrée en production et varie selon le contexte de production. La période adulte s’étale sur plusieurs décennies voire siècles selon son entretien.
Cycle de développement de l'olivier
Jeunesse | Entrée en production | Période adulte | Sénescence |
1 à 7 ans | 7 à 35 ans | 35 à 150 ans | au-delà de 150 ans |
Le cycle annuel est caractérisé par une phase végétative et une phase fructifère concommittantes.
Le cycle de production s’étale sur 2 ans avec une induction florale amorcée en juillet de l’année précédente qui conditionne fortement le potentiel de production l’année suivante.
De plus, l’olivier est une espèce fortement alternante, avec une année de production de forte charge qui suit une année de production de faible charge. Cette alternance de production, à l’instar des autres espèces alternantes, est difficilement lissable malgré les soins culturaux.
Aire oléicole
L’aire oléicole traditionnelle s’étendait originellement sur le bassin méditerranéen entre les latitudes 35 et 45°. Aujourd’hui la culture s’est étendue sur les 2 hémisphères et se concentre sur plus de 50 pays mais 98% de la production se situent toujours en région méditerranéenne (Calvo J, 2024. COI).
Mais avec le réchauffement climatique cette zone s’étale vers les extrêmes puisqu’aujourd’hui on y trouve des oliviers cultivés entre les latitudes 25° et 47° sur les 2 hémisphères.
En France la zone traditionnelle a tendance à évoluer vers le nord et l’ouest.

Besoins climatiques de l'olivier
L’olivier est donc une culture pérenne caractérisée par une grande capacité d’adaptation aux conditions environnementales. Sa culture autour du bassin méditerranéen renseigne sur les besoins de l’olivier. En effet, le climat méditerranéen est caractérisé par des hivers doux et des étés chauds et secs.
- Lumière : L’olivier est une espèce héliophile, il a donc besoin de lumière. De plus sa production est influencée par la longueur des jours car c’est une plante photopériodique de jours longs.
- Température : Le zéro de végétation est aux alentours de 9-10°C. La température létale pour un arbre adulte est de -17, -18°C et de -8°C pour un jeune plant. Cependant la mortalité dépend des conditions d’installation du froid.
En France, ce sont surtout les gelées printanières peuvent « brûler » les apex terminaux et floraux et compromettre la production. De même, des températures élevées durant la floraison sont préjudiciables et peuvent entraver la viabilité du grain de pollen, voire conduire à des dessèchements pistillaires (= mauvaise fécondation).
À ce jour, nous ne disposons pas des seuils de températures minima et maxima affectant chacun des stades phénologiques affectant la culture. - Eau : c’est le facteur limitant par excellence. L’olivier parvient à survivre avec très peu d’eau mais on estime qu’en-dessous d’une pluviométrie annuelle de 200 mm, la production n’est pas rentable et ne devient possible qu’à partir de 450 mm et ce, en fonction de la répartition des pluies et des types de sols. La culture pluviale est donc dépendante de la quantité et de la qualité de la pluviométrie annuelle.
L'olivier et le changement climatique
Le changement climatique, caractérisé par des hivers de plus en plus doux et des étés de plus en plus chauds, perturbe le cycle annuel de l’olivier par :
- Le manque de froid en hiver (surtout pour les pays rive sud de la méditerranée) perturbant la floraison,
- Des gelées printanières (notamment en France) avec une précocité de levée de dormance hivernale,
- Des pics de chaleur au printemps et en été préjudiciables pour la floraison, la nouaison, la croissance du fruit et la lipogénèse,
- Une hétérogénéité spatio-temporelle de la pluviométrie perturbant la croissance végétative, la production voire la viabilité de l’arbre,
- Tout cela engendre indirectement une pression sanitaire importante sur la partie septentrionale de la culture ainsi que l’apparition de maladies émergentes.
En savoir plus sur le gel et les oliviers
Exigences du sol
L’olivier, espèce très rustique et plastique, est indifférent au pH du sol. Cependant il n’aime ni les sols hydromorphes, ni hyalins.
Multiplication de l'olivier
La multiplication de l’olivier s’effectue par les multiples techniques de clonage pour sauvegarder à l’identique le cultivar, qu’elles soient traditionnelles comme la division de souquets (ou souchets), par bouturage (boutures ligneuses ou semi herbacées ou micro-propagation) ou par greffage.
La multiplication par semis ne permet pas le maintien génétique du cultivar car le noyau est issu de la fécondation de 2 individus différents. Il est traditionnellement utilisé pour la production de porte-greffe.
Autres références d’intérêt :
Florentino JP, 2023. Trésors et secrets de l’olivier. Editions Edisud. ISBN : 978-2-7449-1058-6
Florentino JP, 2018. L’olivier dans le bon sens. Editions Edisud. ISBN : 978-2-7449-1039-5
Pinatel C, 2015. L’olivier, Histoire ancienne et contemporaine, Oliviers de Haute-Provence. Naturalia Publications. ISBN : 976-10-945583-09-8
Breton C, et al. 2012. Histoire de l’olivier, l’arbre des temps. Editions Quae. ISBN : 978-2-7592-1822-6
Rozier M, 2002.Les variétés françaises d’olivier et leurs terres d’accueil. Lacour Editeur. ISBN : 2-84149-088-2
